Formations ⇒ Vos avis sur... les formations.

[Brasserie L&M]

Bonjour à tous,

pour ma part formation à l'IFBM.

Bonne formation qui pourrait être excellente si la pratique était plus présente.

Pour l'aspect théorie et process de brassage très bien même si orienté brasserie de 20Hl. Les processus chimique sont très détaillés.

Microbiologie, infection, hygiène, legislation très fournies.

J'ai adoré les visites dans des brasseries très différentes qui permettent de voir que chacun peut avoir son projet.

Belle revue des différents matériels même s'il faut avoir le budget.

[Bofbof]

Bonjour à tous,

Après en avoir discuté avec pas mal de collègues, je décide de donner mon avis sur une formation que j'ai suivie il y a maintenant 1 an et 4 mois, qui est celle délivrée par la brasserie chaumont'oise. Formation Mars 2015. J'exerce l'activité de brasseur depuis maintenant plus d'une année, ce qui me permet d'avoir un peu mûri sur ce que j'y ai vu même si j'avais déjà pas mal de connaissances sur le sujet.

Je précise que je ne dévoilerai ni le nom de mon établissement, ni le mien, car je ne veux pas que cela porte préjudice à mon activité, d'aucune façon que ce soit. J'espère que vous comprendrez.

Les points positifs de la formation :

- bon accueil, brasserie assez simple à trouver dans une zone d'activité.
- le local se prête bien à l'exercice d'une formation, c'est propre.
- le fait de pouvoir brasser, jour 4.
- l'exercice de comptage de levure au microscope.
- le paragraphe sur l'eau, même si l'influence du PH du mou manque d'un peu de subtilité par rapport à son impact sur la fermentation.
- le nombre d'apprenti, tout à fait adapté (4 à l'époque).
- le programme de la formation semble riche.

Plutôt que de tout énumérer sans queue ni tête, je vais reprendre les points du programme qui m'ont semblé dérangeants, ou à corriger :

- Découverte du matériel de maltage / brassage y compris matériel de mesure (réfractomètre...) => aucun mot sur les autres types d'installation, seules les pico vous sont présentées avec des fermenteurs en plastique, le reste, c'est moins bien, ou ça ne sert à rien.
- Etude et calcul du houblonnage et de la fermentation => pas fait. Peut être un nouveau chapitre ?
- Etude des styles: une vingtaine de styles de bières différents et leur classification au BJCP => nous avons goûté 4 bières, des plus communes. Pourquoi ne pas proposer des bières artisanales ?
- Découverte, paramétrage et utilisation approfondie du logiciel BEERSMITH. Conception d'une recette complète => ce logiciel est tellement intuitif que je ne comprends pas qu'on y passe une demie-journée, il suffit de donner les spécifications du matériel, que vous recopiez de toutes façons. La recette que nous avons regardée a été récupérée sur le cloud.
- Cours de microbiologie. Sans doute un nouveau chapitre ?
- Réalisation d'un pied de cuve, conservation par congélation. Encore un nouveau chapitre ?
- Questions de nettoyage / désinfection du matériel : outils, méthodes, produits à utiliser ou à proscrire => Javel ? Dans une formation qualifiante professionnelle ?
- Explications sur le maltage => là c'est survolé, et c'est dommage. Aucune explication sur les différentes céréales, la façon de les utiliser et leurs propriétés, pas un mot sur les flocons, les dosages, les apports en protéines, les sucres utilisés pendant le brassage.
- Mise en bouteilles d'un brassin précédent, découverte de différentes machines de la plus simple à la plus sophistiquée => donc la remplisseuse ENOLMAC 1 bouteille, c'est la machine la plus sophistiquée ?
- Étiquetage, recyclage des bouteilles => pour l'étiquetage, la solution technique qu'on vous propose, c'est de les coller à la main. Vous trouverez des machines semi-automatiques pas onéreuses qui vont vous faire un travail beaucoup plus propre, pour un temps bien moindre, sans colle partout et 10% de retouche. Ce collage manuel est une plaisanterie pour qui délivre une formation professionnelle. J'y passais 6 jours par mois au début, ce qui est inacceptable, j'en suis à 1.
- Etude de différents types de fûts : soda kegs, fûts jetables, recyclables => nous avons passé 20 minutes là-dessus, et c'est très clairement une partie à développer vu les solutions techniques proposées aujourd'hui et les besoins.
- Etude des coûts, rentabilité, dimensionnement du matériel et investissement prévisionnel selon revenu souhaité => si il y avait un point négatif sur lequel insister, c'est bien celui-là. Modèle économique douteux, comme si brasser 6 fois 70 L par mois aller vous dégager 2000€ de salaire. On va vous faire passer la fabrication de bière pour la nouvelle niche économique, tout les brasseurs produisant ces volumes vous le diront : vous retomberez sur vos pieds, pas plus. Je peux en attester, et les 4 autres avec qui je me suis entretenu vous le diraient. Et puis faire reposer tout un schéma économique sur de la vente aux particuliers avec les AMAP, des marchés, etc... Tout seul, je vous souhaite bien du plaisir, parce qu'avec les journées de brassage qu'il faut multiplier pour faire un peu de volume, difficile de trouver du temps pour la com' et les clients. Quand on est petit, on commande petit, donc on paye la matière et les frais de port cher, quand on a la chance de trouver un fournisseur qui veut bien vous envoyer seulement 2 ou 3 palettes.
- Examen des solutions d'entreprise adaptées à la création d'une micro brasserie => vous allez carrément ignorer les solutions juridiques proposées et aller voir des personnes compétentes sur le sujet, parce que là on dépasse les compétences des formateurs et on tombe dans le ridicule.

Fin définitive de l'objectivité :

Cette formation, je n'aurais aucun problème avec si elle était présentée et vendue comme une première approche au brassage, une introduction à la bière, délivrée par une équipe d'amateurs (au sens propre, pas péjoratif bien sûr). Perso, quand j'ai goûté les bières de la Chaumont'Oise, j'ai aussitôt compris où j'avais mis les pieds. Tout est amateurisme et mise en scène.
Un mycologue qui ensemence 80 L sans réhydrater sa levure sèche ? Qui ne vous parle pas des températures de fermentation en fonction des souches de levure et les impacts sur le produit fini ? A quelle température on créé un ester ? A quoi peut servir une garde au froid et/ou un soutirage après primaire si on veut faire une pils ? Qui vous vend les mérites de fûts en plastique en guise de fermenteurs ? Qu'une cylindro-conique, ça ne sert à rien ? Un intervenant qui fait de la bière avec des copains dans un garage depuis 2 ans et qui prétend vous apprendre un métier ? Un brasseur qui prétend que recirculer le mou ne sert à rien si on ne racle pas le fond des cuves suivantes ? Que pour l'ébullition, un frémissement suffit ? Pas besoin de dry hop pour une IPA, récupérez les houblons fraîchement bouillis !! Conservez vos levures avec les restes des repas du midi, les houblons sacs grand ouvert dans une armoire au soleil !! ... Je dévie d'un avis objectif, et j'en suis désolé, mais c'est tellement choquant avec le recul que je tiens à dire tout ça, et je précise que je m'en serais passé si le comportement de cet organisme était différent.

J'ai vraiment cru rêver pendant une semaine. Je n'y ai vu qu'une équipe à l'esprit fermé, sans cesse à vous rabâcher que ce qui est fait ailleurs ne sert à rien ou ne change pas les produits finis. Pourtant, les bières sont vraiment mieux ailleurs... Vous allez assister à un joli placement de produits pour les pico, avec lesquelles vous allez pouvoir brasser 3 fois par jour (si si... peut être est-on arrivé à un 4 ème depuis d'ailleurs ? pfff), vous dégager un salaire à la demande en fonction de vos envies. Je noircis le tableau au point de trouver le discours nauséabond : la moitié des brasseurs français sortiraient de cette école, et bien là je suis vraiment inquiet pour l'avenir de la brasserie en France si tel est le cas. Parce que je ne me suis toujours pas payé en brassant 8 fois par mois (heureusement que c'était prévu...), que j'ai apporté beaucoup de changement à mon matériel et mon process pour améliorer mes brassins, que j'ai énormément désappri ce qui m'avait été enseigné pendant cette semaine, parce qu'une fermentation, ce n'est pas laisser son fût dans un coin pendant 1 mois, parce que mon objectif c'est de faire des bières remarquables, pas moins.


Aimons la bière, ne nous contentons pas du médiocre, remettons-nous en cause tous les jours pour améliorer notre travail, inspirons-nous des grands brasseurs, ceux qui en plus ont le sens du partage et l'amour de la bière, si nous petits brasseurs ne portons pas haut les couleurs de ce doux breuvage, on laisse à InBev et Bavaria les clés de la maison.

[cedric199]

sacré post bofbof,et elle coute combien cette "formation"?
En gros tu apprends plus et mieux en trainant sur le fofo qu'en allant la dedans

[Pif59]

1600€ la semaine ...

[n.master]

Ah oui quand même.

Sachant que derrière il y a autant de placement produit que dans une réunion tupperware, c'est rentable la microbrasserie !
De ce point de vue je peux croire qu'on peut sans problèmes se faire 2000€ de salaire...par semaine !

[cedric199]

1600€ a coup de 4 stagiaires...et pas plus d’équipement sur place,hé bé c'est eux qui s'en font des coui**e en or,sans parler des houblons conservés a l'air libre en plein soleil

[Epidemaiis]

Le prix est dans la norme pour ce genre de formation.
Ce qui est plus dérangeant, c'est présenté comme nécessaire et suffisant, comme marqué sur le site, c'est du clé en main.
Or cela semble utile mais bien insuffisant.
Ca doit être une catastrophe au lancement de certaines brasseries. Elles perdent leur clientèle, leur réputation et leur argent dès les premiers mois. Si elles y arrivent, elles mettent longtemps à remonter la pente.
Comme cela, j'ai deux trois exemples en tête. Peut-être ne sont elles pas passées par la Chaumontoise, mais il y a une réelle différence entre leurs premiers brassins et ce qu'ils font aujourd'hui.

[Bofbof]

Je comprends mieux le scepticisme de certains confrères qui m'ont vu me lancer en sortant de cette formation, qui semble-t-il, avait déjà fait des émules à l'époque.

Que dire avec le recul si ce n'est alerter ceux désireux de se former ?
Un seau en plastique, ça marche à la maison pour 20 L. Pour 120 ou plus, ça brûle les levures à cause de la chaleur de la primaire (je le sens sur mes ales puissante, pas sur les légères).
On ne peut pas vendre des bouteilles avec des traces de colle et des étiquettes collées à la main à moitié de travers chez un caviste aux côtés des grands noms français, anglais, américains ou belges... ou alors on a un sens de l'humour hors norme. On ne peut pas vendre son stock à 9€ de litre en moyenne à des particuliers sur le réseau AMAP et les marchés lorsqu'on est seul. On ne peut pas dégager 2000€ de salaire avec 5 * 70 L par mois. Vous imaginez si vous voulez prendre 4 semaines de vacances ? Ce n'est plus un trou dans la trésorerie, c'est une cessation d'activité. Tout ça manque de sérieux. Mais une fois de plus, on vous répète pendant 5 jours "on a tout testé, c'est ça le mieux" quand d'autres vanteront 40 ans de pratique. Mon père joue au tennis depuis 40 ans, et bah vous verriez comme il est nul...

[tof02]

Que dire avec le recul si ce n'est alerter ceux désireux de se former ?

c'est une bonne chose, d'ailleurs tes avis sont intéressant. Combien de nouveaux membres arrivent sur le forum, voulant se reconvertir, sans avoir brasser une seule fois dans leur vie. Voir d'autres membres qui passent par ce genre de stage ( voir le même) avant de passer sur le forum ( je ne dis pas non plus que le forum est la Graal du brassage, mais une bible, sans aucun doute , grâce à un vrai partage aussi, et sans intérêt pécunier ) .

En brassage, la maitrise de la complexité de la bière et des étapes qui mènent à faire une bonne bière, est longue, plutôt: sont longue. Et tu as raison de le soulever. Et brasser 20l n'est pas la même chose que 500l, de même que beaucoup d'autre frais divers qui j'ajoute lorsque l'on devient "pro".... On apprend beaucoup dans la vie des avis et conseils des autres, mais plus par soi même, car cela marque plus et est le fruit d'une confrontation personnelle à la "réalité" des choses.

Merci pour ton partage, qui me conforte sur le dégout de certaines "formations" surtout lorsque c'est le contribuable qui paye ( le cas de cette formation pour la plupart) , pour un résultat plus que médiocre, et tu n'es pas le premier membre du forum à t'en plaindre.

bon courage pour ta brasserie, et bonne brasse!

[Tofito]

Que dire avec le recul si ce n'est alerter ceux désireux de se former ?

C'est d'ailleurs pour cela que j'avais été le premier stagiaire chaumontoise à poster mon avis sur cette formation (voir début de sujet). Car j'avais vraiment eu l'impression de me faire ent*ber et rien n'était dit sur le forum, alors que le "formateur" était encore à l'époque constamment en train de faire son placement ici..
En parcourant ton récit bofbof, j'ai vraiment revécu ma propre expérience... déplorable. J'espère que nos avis auront pu permettre à certains voulant "vraiment" se professionnaliser par le biais de cette formation de prendre un peu de distance par rapport à ce qu'il avance.

Par contre, pourquoi "masquer" qui tu es? Il n'y a rien de honteux à avoir fait cette formation, et je ne vois pas comment cela pourrait porter préjudice à ton affaire..